Von einer Schweiz zur anderen: 25 Jahre internationale Zusammenarbeit im Bildungsbereich
Bernard Wicht geht in Pension und schaut zurück auf 25 Jahre Zusammenarbeit im Bildungsbereich auf internationalem Parkett.Bernard Wicht geht Ende Juni in Pension. Er war 25 Jahre Verantwortlicher der EDK für die internationale Zusammenarbeit im Bildungsbereich und schaut nun auf seine Tätigkeit zurück. Von der Beziehung der Schweiz zur EU, wie sich das internationale Ansehen des Schweizers Berufsbildungsmodells verändert hat und über das Einzige, was er bereut.
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J’ai débuté mes activités de chef des affaires internationales à la CDIP début mai 2001. Il y a donc près de 25 ans! À peine arrivé, j’ai dû accompagner feu le Secrétaire d’État Charles Kleiber à Bruxelles pour un entretien avec la Commission européenne concernant, déjà à cette époque, la participation de la Suisse au programme Recherche (qui ne s’appelait pas encore Horizon) et à Erasmus (dont le nom n’a en revanche pas changé depuis). C’est dire combien, au cours de ces années, les péripéties suisses en terres bruxelloises ont ponctué mon activité au service des cantons. En effet, à l’heure où j’écris ces lignes, je suis à nouveau en train de préparer une prise de position des cantons sur nos relations avec l’Union européenne (UE), cette fois dans le cadre des Bilatérales III… à quelques jours de mon départ à la retraite. Tempus fugit!
Retour sur 25 ans de politique européenne de l’éducation
25 ans auxquels viennent s’ajouter les dix années précédentes passées à l’Office fédéral de la culture où, là aussi, j’ai suivi le dossier européen, mais dans le domaine du Cinéma & Audiovisuel, avec comme objectif l’adhésion de la Suisse au programme Media. Un projet encore et toujours en souffrance à ce jour (comme dirait Tintin: «Caramba! Encore raté, mon cher Bernard!»)... Autrement dit, un périple professionnel européen de près de 35 ans.

Ceci m’amène à méditer la fameuse formule du regretté historien Fernand Braudel, apôtre du temps long historique, qui considérait que «les événements ne sont que poussière et qu’ils ne prennent sens que lorsqu’on les replace dans les rythmes et les cycles de la longue durée». Or, depuis le rejet de l’Espace économique européen (EEE) en votation populaire, en décembre 1992, combien de commentateurs et de journalistes pressés ont enterré la Suisse.
Du mauvais élève au modèle: le revirement européen sur la formation professionnelle suisse
À propos de cette dernière remarque, il est intéressant de constater que, depuis la crise de l’euro en 2009-2010, le regard de l’UE et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le système éducatif suisse a radicalement changé. Au tout début des années 2000, tant l’UE que l’OCDE considéraient que notre pays avait fait les mauvais choix en matière éducative: pas assez d’élèves au niveau du baccalauréat-maturité, beaucoup trop en formation professionnelle duale. Lorsque nous tentions d’expliquer qu’il était important de permettre aux jeunes générations d’accéder au marché du travail et que l’université n’était pas la seule voie pour y parvenir, le message ne passait pas. La messe était dite: «nous avions tout faux!» Et ce jugement «définitif» touchait également le fédéralisme et l’invitation à une «réforme en profondeur» afin de concentrer tous les moyens financiers dans une seule main à l’échelle nationale centrale…

Ces critiques ont été balayées par la vague de fond (toute braudélienne) des années 2009 et suivantes. Avec la crise de la monnaie unique européenne, l’UE doit brusquement faire face à la volatilité de son économie, à sa dépendance vis-vis du dollar et, en l’occurrence, à la fragilité de son marché du travail: le chômage touche ainsi surtout les jeunes adultes entre 20 et 28 ans avec une moyenne, dans les États membres, de 20 % de sans-emplois dans cette catégorie.
Soudain, le système suisse de la formation professionnelle duale suscite un intérêt qui ne va que croître au cours des années qui suivent; nous accueillons les premières visites de délégations étrangères «curieuses» d’un tel système où jeunes filles et jeunes gens travaillent en entreprise immédiatement après l’école obligatoire… et «curieuses» aussi de constater que cela concerne près de 70 % d’une classe d’âge.
À peine une décennie plus tard, une deuxième vague de fond braudélienne survient: la crise du Covid et le confinement des écoles. En Europe, le post-obligatoire est durement touché par cette situation; son orientation unique vers l’entrée à l’université montre ses limites avec, là aussi, un décrochage moyen de 20 %. Avec un degré secondaire II centré sur l’accès au niveau tertiaire, ceci signifie que celles et ceux qui décrochent et ne parviennent pas au bac n’ont plus grande chance d’entrer sur le marché du travail autrement que pour des «bullshit jobs», selon l’expression du regretté anthropologue David Graeber. Dès lors, la simple curiosité des voisins européens se transforme en une démarche d’étude, de compréhension, voire de tentative d’imitation de ce système atypique qui, selon la remarque d’un collègue d’outre-Jura, «semble néanmoins bien fonctionner».

Les hautes écoles spécialisées: la clé du succès dans le secteur tertiaire
À cette success story vient s’ajouter l’apport décisif de la création des hautes écoles spécialisées (HES) de niveau universitaire. Créées au début des années 2000, après quelques tâtonnements, ces dernières ont désormais trouvé leur voie: à savoir celle d’«écoles d’ingénieures et ingénieurs» de niveau supérieur, s’adressant aux personnes diplômées de la formation professionnelle duale, leur permettant de faire face aux défis de l’évolution technique & technologique qui accompagne aujourd’hui toute volonté de croissance économique. À titre de comparaison, chez notre grand voisin d’outre-Rhin – l’ Allemagne –, les Fachhoschschulen (FH) n’ont pas trouvé leur place dans le tertiaire allemand, alors que les HES suisses se sont basées sur leur modèle. En raison de la généralisation de l’Abitur (la maturité gymnasiale allemande), les étudiantes et étudiants ne passent plus par les entreprises mais entrent directement dans les FH, qui ont tendance à devenir des universités de deuxième zone. À l’inverse, la HES de la Suisse du Nord-Ouest (région bâloise principalement) accueille de plus en plus d’étudiantes et étudiants français en raison de la qualité de son enseignement et de ses diplômes.
La Suisse et la place de la mémoire historique en Europe: une opportunité manquée
Dans un autre domaine toutefois, la Suisse a manqué ces dernières années le tournant de l’enseignement de l’histoire qui, avec les nouvelles tensions socio-politiques apparaissant dans les sociétés européennes, puis la guerre en Ukraine, retrouve toute son importance. Rappelons que les pères fondateurs du Conseil de l’Europe l’avaient bien compris au sortir de la Seconde Guerre mondiale: ainsi, la Convention culturelle européenne de 1954 prévoyait explicitement l’engagement des États membres à «apprendre l’histoire de l’Autre» comme moyen de reconstruire une Europe dévastée. Depuis 2020, à l’initiative de la France, le Conseil de l’Europe a repris cette mission de reconstruction via l’enseignement de l’histoire de l’Autre, avec la création de l’Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe (OHTE). Malgré les demandes réitérées d’une adhésion à l’OHTE faites par la CDIP, les instituts de didactique de l’histoire dans les HEP et différentes universités, le Conseil fédéral n’a cependant pas jugé utile d’entreprendre cette démarche! Pourtant, là aussi, le système éducatif suisse dispose d’un atout intéressant: un enseignement de l’histoire de la Suisse non-dogmatique, débarrassé de la charge de promouvoir une identité nationale unique, mais propre à chaque région linguistique – une approche plutôt chronologique en Suisse romande, plutôt thématique en Suisse alémanique. Si le Conseil fédéral s’en désintéresse, fort heureusement les instituts d’histoire à travers l’Europe sollicitent de plus en plus leurs collègues suisses sur cette approche où il ne s’agit pas d’imposer une vérité contre une autre, un récit plutôt qu’un autre, mais plutôt d’échanger sur les différentes pratiques et en discuter, de croiser les regards pour mieux se comprendre et coexister…
C’est le seul regret que j’ai à la veille de mon départ en retraite: n’avoir pas réussi à faire entrer mon pays à l’OHTE. J’invite donc mes collègues de la CDIP à «ne pas lâcher la morceau»!