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13.08.2025

Du terrain à la stratégie: un nouveau regard sur le monitorage de l’éducation

De la coordination régionale des enquêtes COFO au Secrétariat général de la CDIP pour le monitorage de l’éducation: un changement d’échelle et de temporalité pour penser, avec les cantons, un monitorage durable et pertinent, de 2028 aux cycles futurs.

Auteur

Auteur: Oliver Prosperi, responsable de l’unité Monitorage de l’éducation et affaires internationales

Depuis 2019, j’ai eu la chance d’avoir la charge de la coordination régionale des deux enquêtes COFO (compétences fondamentales) 2023 et 2024 dans les écoles romandes, au sein du SRED à Genève. Ce travail, aux exigences très pratiques, mais aussi conceptuelles, en lien étroit avec un grand nombre d’écoles et de membres du corps enseignant et de direction, m’a profondément marqué. Il m’a permis de mesurer à quel point chaque détail compte lorsqu’il s’agit de faire vivre une enquête à large échelle dans chacune des sept réalités différentes qui constituent les cantons ou parties de canton francophones.

Être responsable du déploiement opérationnel, c’est gérer la logistique, anticiper les obstacles, répondre aux imprévus, accompagner les écoles pour que l’enquête se déroule au mieux – tout en gardant le cap sur les objectifs scientifiques de la vérification de l’atteinte des compétences fondamentales. C’est un travail exigeant, parfois discret, mais essentiel pour garantir la qualité des données. C’est aussi une position privilégiée pour observer, de l’intérieur, la réalité du terrain dans les différents cantons et pour partager, le temps d’une enquête, les efforts quotidiens des acteurs de l’éducation.

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Changer d’échelle, changer de rôle

En juin 2025, j’ai rejoint le Secrétariat général de la CDIP, à la tête de la tout nouvellement créée «Unité de coordination Monitorage de l’éducation et affaires internationales» en vue des prochaines enquêtes de 2028 et 2031. Ce changement de perspective m’invite à prendre de la hauteur. Les enjeux ne sont plus seulement techniques ou logistiques, ils deviennent politiques, stratégiques et interinstitutionnels. Il s’agit désormais d’articuler les besoins des cantons, les objectifs des conférences régionales, les attentes de la Confédération, mais aussi le respect des finalités communes que sont la transparence, l’équité et la qualité de la formation.

Passer du terrain à l’échelle nationale, c’est aussi changer de perspective temporelle. Les calendriers s’étirent, les décisions s’anticipent sur plusieurs années, chaque décision résulte d’un processus de concertation entre les parties prenantes. C’est un autre rythme, un autre langage, parfois plus abstrait, mais qui s’appuie sur la même conviction: le monitorage de l’éducation n’a de sens que s’il est au service des cantons, en leur fournissant des repères fiables pour accompagner, piloter et faire évoluer leurs systèmes éducatifs.

Croiser les regards pour mieux construire

Cependant, garder un regard croisé entre terrain et stratégie me semble aujourd’hui plus que jamais nécessaire. Prendre en compte les réalités locales de tous les cantons ou des régions linguistiques permettra de concevoir une évaluation des compétences des élèves qui soit plus pertinente, plus réaliste et plus respectueuse des pratiques. Inversement, la perspective systémique et les rétroactions que celle-ci aura envers le terrain permettront de donner du sens aux efforts fournis dans chaque école pour collecter et produire les données. L’un ne va pas sans l’autre.

À l’heure où commencent les préparatifs pour l’enquête de 2028, je prends pleinement la mesure de cette transition: passer d’un rôle de proximité, ancré dans le quotidien des écoles, à une fonction plus stratégique, tournée vers l’anticipation, la coordination et la vision à long terme. Il ne s’agit plus seulement d’organiser une enquête, mais de contribuer à penser un dispositif de monitorage qui s’inscrit dans la durée, avec les cycles suivants déjà en ligne de mire.

Mon ambition est claire: faire en sorte que le monitorage ne soit pas perçu comme une fin en soi ou une simple opération de collecte de données, mais bien comme un levier au service des cantons et un outil de dialogue et d’orientation. À travers les résultats et les analyses qu’il produit, il doit permettre à chaque canton de mieux comprendre les évolutions de son système éducatif, d’identifier les forces, de repérer les besoins, et de construire des politiques fondées sur des statistiques robustes. En ce sens, le monitorage doit contribuer à une amélioration continue, qui vise l’évaluation de standards communs, mais qui sont en phase avec les enjeux de demain.

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