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Mobilité des étudiant-e-s suisses: des résultats très contrastés entre hautes écoles

01/03/2023

Les étudiantes et étudiants suisses sont-ils mobiles? Une étude livre des résultats contrastés, mais décevants. Olivier Tschopp tente de comprendre pourquoi le taux de mobilité est bas.

Movetia vient de publier une analyse sur la mobilité internationale des étudiant-e-s suisses. Au-delà du résultat très contrasté et décevant – seule une haute école sur neuf atteint le seuil des 20 % d’étudiant-e-s mobiles  l'étude cherche à comprendre comment cette mobilité stimule l’internationalisation et la qualité des hautes écoles suisses.

Portrait de Olivier Tschopp
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Auteur invité*: Olivier Tschopp, Directeur de l’agence spécialisée Movetia

Pouvoir mesurer les objectifs de la stratégie nationale
Le domaine des échanges et de la mobilité est piloté depuis 2017 par une stratégie nationale. Comme toute stratégie qui se respecte, elle est portée par une vision («chaque jeune en Suisse effectue au moins une fois une expérience d’échange ou de mobilité») et un certain nombre d’objectifs. Or le défi dans ce domaine n’est pas seulement d’atteindre ces objectifs, mais aussi de pouvoir les mesurer, tant les données sont manquantes ou complexes à collecter. À l’exception cependant de la statistique de la mobilité dans les hautes écoles de l’Office fédéral de la statistique (OFS).

Taux de mobilité et indice d’internationalisation des hautes écoles
Afin de pouvoir exploiter cette statistique, Movetia s’est associée à un chercheur de l’Université de Lausanne. Avec pour objectif d’en extraire une photographie de chaque haute école suisse et de tenter de comprendre les facteurs qui favorisent la mobilité internationale. Un travail qui a débouché sur un «indice d'internationalisation», étayé par des données complémentaires collectées au sein des hautes écoles. Les données de mobilité des étudiant-e-s diplômé-e-s (bachelor et master) prises en compte sont celles de 2020, afin d’exclure les effets négatifs liés à la pandémie.

De grandes différences entre les hautes écoles
Premier constat: les taux de mobilité des étudiant-e-s dans les hautes écoles suisses varient fortement (entre 1 % et 50 %). Second constat: le taux de mobilité moyen est plutôt bas, soit de 15,7 % – celui de l’Autriche à laquelle la Suisse peut être comparée est à plus 24 % – et il n'est atteint que grâce à la performance exceptionnelle des trois premières institutions. La grande majorité des hautes écoles suisses se situe encore loin du seuil de référence de l'espace européen de l'enseignement supérieur en matière de mobilité (20 % des diplômé-e-s devraient avoir étudié ou effectué un stage à l'étranger).

Des résultats surprenants dans le classement établi
Étonnamment, le classement en termes de taux de mobilité est indépendant du type de haute école (hautes écoles universitaires, hautes écoles spécialisées, hautes écoles pédagogiques) et ne dépend a priori pas non plus de la taille ou de l'âge de la haute école ou de la région linguistique concernée. Ainsi, l'Université de Saint-Gall, l'EPF de Lausanne, la HEP de Saint-Gall, l'Università della Svizzera Italiana ainsi que la Haute école spécialisée de Suisse occidentale HES-SO figurent parmi les cinq premiers du classement. Ce qui montre qu'il est possible pour tous les types de hautes écoles d'atteindre des taux de mobilité élevés, malgré des situations de départ différentes et quelle que soit la motivation des étudiant-e-s.

Les étudiants descendent les escaliers en riant
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Lien entre mobilité des étudiant-e-s et internationalisation de l’institution
L'étude met aussi en évidence un «lien significatif» entre le taux de mobilité et le degré d'internationalisation des établissements. Si les séjours à l’étranger accroissent l’employabilité des diplômé-e-s et favorisent l’acquisition de compétences spécialisées et personnelles importantes, cette mobilité représente aussi un facteur d’internationalisation majeur pour les hautes écoles. S’il vaut la peine d’investir dans une approche complète de l’internationalisation, ce n’est pas uniquement pour les étudiant-e-s, une telle approche permet également de développer la qualité de l’enseignement et de la recherche, d’encourager l’innovation, et de renforcer la visibilité, la compétitivité et la réputation de l’institution en Suisse comme à l’étranger.

Observer ce que le résultat indique au-delà du classement
Évidemment une telle étude, surtout si elle débouche sur un classement des institutions, a aussi ses limites et ses raccourcis. Difficile en effet de comparer une université solidement établie et bien ancrée dans un réseau international avec une haute école pédagogique (HEP) plus jeune et moins avancée dans son processus d’internationalisation. Mais n’empêche, on retrouve une HEP à la 3e place, et 5 d’entre elles dans la première moitié du classement, avec des taux de mobilités plus élevés que certaines universités. Comme quoi la volonté institutionnelle est elle aussi déterminante.

En conclusion cette étude lève le voile pour la première fois sur la mobilité internationale des étudiant-e-s dans les hautes écoles suisses. Certes sous la forme d’un classement forcément réducteur, mais qui souligne des écarts importants sur lesquels les acteurs et actrices suisses de la formation doivent agir afin que l'ensemble des étudiant-e-s disposent de possibilités similaires. Cette publication a aussi le mérite de stimuler le système et nous espérons que les institutions sauront utiliser les clefs d’amélioration mises à leur disposition et, surtout, comprendre pourquoi elles sont importantes pour elles et la qualité de leur enseignement et recherche.

*Les opinions exprimées par les auteurs invités ne reflètent pas nécessairement la position de la CDIP.

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